Autonomie
La matière, dans l'état actuel de la science, s'organise selon les lois de la physico-chimie (les 4 forces fondamentales et les cinq particules stables) qui agissent selon deux axes : d'une part avancer vers une plus grande stabilité de l'ensemble (un terrain est plus stable après qu'avant un effondrement) et d'autre part une tendance à agglomérer des particules entre elles pour former des ensembles plus vastes et plus complexes, mais susceptibles de plus d'instabilité : atomes puis molécules simples enfin macromolécules qui continueront l'évolution en s'assemblant entre elles.
La manière dont on définit la vie influe sur celle dont on l'analyse. Elle peut être caractérisée par la faculté d'une structure :
- à perdurer un temps en renouvelant sa matière et en consommant de l'énergie
- à générer son semblable par duplication,
- avant de se désagréger conduisant à sa mort.
Elle est liée à des associations très sophistiquées de matière qui sont des châteaux de cartes défiants momentanément la loi de l'entropie.
Complexité
Au fil de l'évolution de l'univers, les organismes ont présenté un degré de complexité croissant :
- Les premières cellules autonomes puis, par association, les végétaux obéissent uniquement aux lois de la physico-chimie
- Avec l'apparition d'un système nerveux, la sensibilité a surgi, provoquant une réaction autonome de l'organisme lorsqu'il est excité : le monde animal est là. Il a, lui aussi ensuite, connu une évolution de complexité croissante avec les étapes : mobilité, sensation, émotion, sentiment, compréhension, conscience réflexive, voire spiritualité (fruit d'une intrication neuronale croissante ?).
Elle a conduit à l'hominisation avec en pointe de complexité actuelle le sapiens. Tous ces phénomènes sont accompagnés de réactions physico-chimiques, mais elles ne peuvent les prédire ou les expliquer : c'est une vie "animée" par une âme à laquelle je réserve la capacité de générer ces phénomènes imprévus (l'âme végétale n'existe alors pas).
Pour atteindre un nouveau degré supérieur de conscience et de complexité, il suffit de passer du stade de l'individu à celui de la société et, avec la mondialisation, de l'humanité, mais … avec la tension, fruit de la liberté, entre le respect des individualités et la recherche du bien commun.
L'intelligence collective, qui peut, pour les projets majeurs (conquête de l'espace, recherche des particules élémentaires, grands travaux, … ) mobiliser des milliers de cerveaux interconnectés pendant des décennies, est indispensable à l'édification des ensembles les plus complexes.
Cette montée de la complexité s'accompagne d'une croissance de la liberté.
Il me semble que le nouveau-né découvre lui aussi progressivement ces stades qui le font passer des émotions (dès le stade de sa gestation) à la conscience (l'âge de raison).
Vitaforces
Le processus vital partant de la matière inerte vers la vie humaine présente une étonnante faculté de redémarrer avec une vigueur renouvelée chaque fois qu'un cataclysme a fait disparaître une large proportion des espèces vivantes d'alors … ce qui suscite des questions sur ce qu'est la mort. Cette irrésistible pulsion de vie élabore, au fil de milliards d'années, des ensembles de plus-en-plus complexes qui s'accompagnent de propriétés de plus-en-plus sophistiquées et inattendues, je lui ai donné le nom de "vitaforce" (elle est assimilable à la "force vitale" de Bergson). En fait, cette évolution de la vie permet de distinguer plusieurs facettes à cette vitaforce :
- La première est purement matérielle qui, par application des lois de la physico-chimie qui attirent les particules entre elles, conduit à élaborer des agglomérats de plus en plus importants. Cette aptitude à élaborer des structures autonomes dotées de métabolismes de plus-en-plus sophistiqués, étudiés par la biologie, traduit un élan fondamental que j'attribue à une force baptisée "vitabio" source de la biosphère.
C'est elle qui relance sans cesse le grouillement de la vie malgré tout ses aléas.
Lorsque l'on arrive au stade des molécules qui peuvent se refermer sur elles-mêmes en créant un espace clos par une membrane, couplées avec celles qui sont capables de se dédoubler en générant un clone, on constate l'apparition de la vie (insufflation de l'anima) qui se répand en formant la biosphère.
Elle se caractérise par sa capacité à maintenir son architecture en puisant matière et énergie dans son environnement pour renouveler ses composants et générer un semblable. Ces structures arrivent à perdurer individuellement un temps, mais finissent par s'effondrer : leur mort. Par contre, l'espèce continue de vivre.
- La deuxième force, qui se superpose à la précédente, est de nature difficile à définir, sauf à dire qu'elle est de plus en plus mentale. Il s'agit de l'apparition, dans le monde animal, de propriétés pour lesquels la biologie, exploitant les lois de la physique, peut identifier des mécanismes conjoints (électriques dans les neurones ou physiologiques comme rougeur, voire accélération du rythme cardiaque), mais ne sait expliquer certains des phénomènes qui les accompagnent.
Il s'agit du surgissement, au fil de l'évolution, de phénomènes immatériels comme la sensibilité, puis des émotions suivies des sentiments, enfin d'une conscience qui permet d'analyser une situation et de s'y adapter au mieux volontairement. Cette gradation vers plus de personnification de l'individu relève d'une tendance que je dénomme "vitaperso" générant la noosphère : elle ne semble pas relever de la seule matière, mais il y a simultanéité de phénomènes physico-chimiques … - La troisième, "vitaspir", est le fruit du surgissement de la conscience réflexive chez l'homme et de l'apparition du libre arbitre : l'effet de l'esprit.
Elle lui permet son auto-analyse et des interrogations qui débordent de son environnement immédiat non seulement aux dimensions de l'Univers dans le temps et l'espace, mais aussi dans un au-delà dont l'existence est aussi indémontrable qu'irréfutable.
Les animaux soumis à la vitaperso sont sujets à la peur, la vitaspir peut entrainer l'angoisse face à une pensée innovante … La vitaspir serait donc le moteur correspondant à cette évolution d'ordre spirituel.
Autrement dit, j'ai l'impression que les réactions réflexes (vitabio) doivent pouvoir s'expliquer par la mise en œuvre des règles du modèle standard (réarrangements moléculaires générant une architecture nouvelle de complexité ou de stabilité augmentée par apport d'énergie et/ou de matière puisés dans l'environnement).
Par contre, je ne perçois aucun lien explicatif entre cette théorie fondamentale et les phénomènes vitaperso qui ne sont pas uniquement de nature matérielle. Il est vrai que l'énergie noire ou la matière noire ou l'antimatière ne sont pas moins mystérieux …
La vitaspir relève, elle, du domaine de la philosophie, voire de la théologie … donc des affirmations hypothétiques.
Le libre arbitre est une faculté qui permet à l'homme, – et à lui seul, semble-t-il – de forcer, sous l'effet de sa vitaspir, l'évolution du présent dans un sens, une orientation qui n'est pas celle qui résulterait de la seule tendance "naturelle" : cela correspond à une organisation moléculaire possible, mais n'est pas celle statistiquement la plus probable.
La vitaspir est alors capable d'orienter la transformation physique qui est simultanée au changement du présent : une sorte de petit miracle inexplicable par la science (les "grands" miracles pourraient-ils être le résultat d'une vitaspir particulièrement puissante ?).
L'évolution de l'univers a conduit du Big Bang à l'hominisation, la vitaspir conduira-t-elle à l'humanisation de l'humanité par l'amorisation sous l'effet d'une "vitamour" ?
La plus grande complexité fruit de l'intelligence collective, de la mondialisation ou d'une évolution du sapiens vers une nouvelle espèce sera-t-elle le déclencheur d'un nouveau changement majeur ?
Mort
Si une espèce peut perdurer longtemps, un de ses organismes connait une durée limitée par la mort.
Le moment de sa survenue est parfois difficile à définir :
- Au niveau élémentaire, on peut maintenir en vie et obtenir la reproduction de cellules en les plaçant dans un milieu nutritif adéquat.
- Au niveau organe, les transplantations montrent qu'il peut continuer de remplir sa fonction vitale indépendamment de l'individu qui l'accueille. Pour un cœur prélevé sur un accidenté pour une greffe, entre la mort de son propriétaire et le moment où il est remis en route dans la poitrine du receveur, il est inerte (mort ?), mais il a gardé, au moins momentanément, sa capacité vitale et attend d'être stimulé pour redémarrer : à quel moment meurt-il vraiment ? A noter que selon la définition de la vie retenue plus haut, un organe isolé n'est pas vivant, car il ne se démultiplie pas de lui-même, mais alors, il ne peut mourrir … ce qui n'est pas le cas de ses cellules.
- Au niveau du corps entier d'un animal, dont l'homme, il peut continuer de fonctionner physiquement (au besoin avec des apports externes) alors que toute "animation" a disparu. Il semble ne plus être vivant et n'obéir qu'aux lois de la nature.
- Pour les végétaux, à quel moment un arbre meurt-il ?
La dégénérescence a une similitude avec le fœtus : dans un cas, la conscience semble avoir disparu, dans l'autre, elle ne paraît pas avoir encore émergé.
Un difficile cas de conscience aussi bien pour l'acharnement thérapeutique que pour l'avortement !
Euthanasie … ceux qui s'y opposent le font au nom du respect de la vie, mais ils oublient de préciser "humaine" et encore, il n'y a pas si longtemps que la peine de mort ou la guerre juste étaient légales, sans compter que la mort des êtres plus primitifs ne pose pas de problème.
Ce qui leur paraît sacrilège, c'est de séparer l'esprit de son âme (source de la vie) et de son corps-matière.